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Les USA marquent leurs distances en Ukraine. Macron pris de court.

  • pierregiraud
  • 22 mars 2024
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 mars 2024




Les USA prennent leurs distances en Ukraine et le font savoir.


Le Financial Times, un journal dont le sérieux n'est plus à prouver, nous informe que les USA ont demandé, à plusieurs reprises à l'Ukraine de cesser leurs attaques sur les infrastructures productrices de pétrole et de sources d'énergie en Russie.


En d'autres termes, la Maison Blanche et donc Joe Biden sont frustrés par Zelensky et sa stratégie de guerre. On comprend alors que la raison pour laquelle les 60 milliards de dollars d'aide tardent à alimenter les coffres de l'Ukraine est donc bien plus profonde qu'un vote manqué au Congrès américain.

Il y a une véritable dissension avec les USA sur l'approche des opérations de guerre menées par l'Ukraine.


Vulnérabilité des infrastructures de production pétrolières Russes aux attaques de drones longue portée de l'Ukraine:


Se heurtant à un front plus résilient, dur et coûteux en troupes pour percer dans le Donbass occupé par la Russie, Kiev a accru sa capacité d'attaques des infrastructures pétrolières russes dans les derniers mois, attaquant ainsi massivement la Russie sur son territoire.


Par ailleurs Kiev, frustré par ses manques de progrès au sol dans le Donbass, devient de plus en plus agacé par ce qu'il perçoit comme l'ambivalence des occidentaux face au pétrole russe, qui continue à être vendu alimentant ainsi de façon exponentielles les coffres de guerre de la Russie alors que l'Ukraine voit, quant à elles, ses aides se réduire comme peau de chagrin ou devenir de plus en plus conditionnelles.


Toutefois, la Russie reste vulnérable et à longueur de portée de drones qui peuvent atteindre les 1000 km comme le démontre cette carte du Financial Times:


Crédits : Financial Times



Les Ukrainiens ont déjà frappé ces installations et aujourd'hui, les États-Unis annoncent avoir demandé à l'Ukraine de manière répétitive de stopper leurs attaques sur le système de production pétrolière en Russie.


Mais pourquoi?


La vulnérabilité de Joe Biden à une augmentation du prix de l'essence à la pompe.


Tous les observateurs s'accorderont à dire que lorsque l'OTAN a décidé d'imposer un blocus d'achat en 2022 du pétrole et du gaz Russes, les USA ne semblaient alors que très peu soucieux de l'augmentation du prix de l'essence à la pompe. C'était "le prix à payer pour notre liberté" ( selon Emmanuel Macron).


En effet, avec la dépréciation de l'Euro de -15% par rapport au US Dollar, entre janvier et juin 2022, les prix du baril de pétrole en Euros avaient alors flambé d'à peu près +50% pour les raisons suivantes:

  • une inflation systèmique post Covid, à cause de la destruction de l'offre due aux restrictions imposées par les Etats (confinements et autres décision précipitées - voire affloées- et surjouées) pendant la pandémie qui finalement ne s'avéra pas être pour autant la peste noire.

  • inflation due à la dépréciation de l'Euro (à cause des taux BCE maintenus trop bas trop longtemps pour des raisons purement politiques par des États européens surgonflés à la dette COVID)

  • la crise géopolitique en Ukraine: toute crise géopolitique met toujours une pression sur les prix des énergies, car tant que les risques ne sont pas évalués à juste titre, la volatilité des prix devient exacerbée. Mais de surcroit, la crise Russo-Ukrainienne impliquait un des pays les plus gros producteurs de pétrole (12,7% de la production mondiale) et de gaz (17,4% de la production mondiale) (Source BP Oil Report 2022).

  • et finalement le blocus du pétrole et gaz russes: une décision, pour le moins précipitée et saugrenue, qui consista de décider à 17 pays contre le reste du monde, qui lui refusa de l'appliquer, que les pays occidentaux accepteraient donc de payer leurs énergies pétrolière et gazière plus chères que leur concurrents du Moyen-Orient, de l'Asie et d'Amérique du Sud, au détriment notamment des industries du verre, des boulangeries, et autres qui furent durement affectées par les conséquences de ce blocus auto-infligé.


Toutefois, nous sommes maintenant en 2024 et Joe Biden se souvient bien sur des conséquences de la crise pétrolière en 1979 sur l'élection américaine de 1980: le Démocrate Jimmy Carter avait fait face à une des crises d'augmentation radicale des prix de l'essence qui a fini par sceller son sort électoral face au Républicain Ronald Reagan qui l'emporta alors de manière décisive.

Par ailleurs, les Américains, dans les derniers sondages réalisés par Gallup sur l'Ukraine, en Octobre dernier, sont fatigués des conséquences de la crise en Ukraine et pensent majoritairement que trop est fait pour soutenir l'Ukraine.


Plus sérieusement, les Américains ne sont pas d'accord avec l'analyse de Joe Biden que la Russie est leur premier ennemi; au contraire, entre 2024 et 2023, la menace que représente Putin est en décroissance pour les Américains de 32% à 26%. La population américaine, par contre, clairement identifie à 41% leur premier adversaire comme étant la Chine. (Source Gallup 18/03/2024).

Joe Biden est donc à contrepied avec son électorat sur la Russie, sur la Chine mais également sur Gaza, où face à la pression de la rue et face à la menace électorale de perdre les jeunes démocrates, le président américain est en train de faire un demi-tour stratégique à causes des horreurs commises par Israël dans la bande de Gaza.


Au final, le candidat Joe Biden, déjà en mauvaise posture à cause de ses gaffes, de ses confusion de language (confondant Macron avec Mitterrand, et annonçant à une conférence de presse médusée que le président du Mexique Sissi - président de l'Egypte- refusait l'accès à la bande de Gaza....) est complètement déconnecté de sa base électorale et il change donc maintenant de cap, tout au moins jusqu'en novembre 2024. Ce soir fut annoncé par Gallup que son Job Rating Approval est à 40% alors que sa notation sur les affaires étrangères est à 33% (et Gaza à 27%). Il n'imprime que très mal avec son électorat de base; il ne faudrait pas qu'en plus il réussisse à se mettre à dos ce qui lui reste de sa base électorale avec une augmentation inopinée et inconvenante des prix de l'essence.


En passant, il conviendra de noter que ce désengagement fait suite à la promesse non suivie d'effets d'une aide militaire de 60 milliards de dollars qui semble tarder à venir.



Et "en même temps", un président français à contre temps de l'histoire, une fois de plus...


C'est malheureusement dans ce contexte que le président français Macron joue les va-t-en-guerre à des fins électoralistes, certainement alarmé par le fait que les français, à 34% font plus confiance à Marine Le Pen sur le conflit Russie/Ukraine, qu'à lui même dont ils ne sont que 32% à le créditer de leur confiance sur ce dossier (Sondage ELABE 14/03/2024) .


Malheureusement, ce n'est pas la première fois que le Président Macron est à la peine sur la politique internationale de la France:

  • chassé des pays du Sahel....

  • pris en défaut de soutenir un autocrate au Sénégal

  • inefficace dans sa politique de rapprochement avec l'Algérie, toujours tout autant préoccupée à vivre de la rente mémorielle de la dure affaire de la décolonisation de 1962

  • vexation du Maroc depuis des années à cause de sa tentative ostentatoire mais infructueuse de rapprochement avec Alger.

  • camouflet de l'Algérie qu'il courtisait passionnément, et qui, en pleine guerre Ukrainienne, est allée signer une alliance avec la Russie en 2023...

  • l'humiliation que lui infligea l'Australie en annulant la plus grosse commande de sous-marins au profit des anglais et des américains.....

  • l'humiliation de Putin avec la table terrain de foot.....


Une chose apparaît clairement récemment: Joe Biden devient un fervent adepte de la politique macronienne du "demi-tour au risque de se contredire". Elections obligent!


Ceci laisse notre Président français bien solitaire avec ses "200 missiles nucléaires" comme le soulignait ironiquement le Vice-Président de la Douma, Piotr Tolstoi qui conclut son interview avec BFMTV par la phrase suivante "on s'en fout d'Emmanuel Macron, on se fout des opinions d'Emmanuel Macron, et on se fout des limites d'Emmanuel Macron". La messe est dite.


En conclusion, je rappellerai simplement les propos d'Emmanuel Todd, sociologue et historien français, propos auxquels je souscris amplement, qui répondait à une injonction d'une journaliste qui lui disait "alors c'est la Russie qui gagne?" en présentant son nouveau livre "La Défaite de l'Occident" et qui déclara: "ce n'est pas la Russie qui gagne, c'est l'Occident qui perd et c est la réalité qui va gagner!".


© Pierre Giraud - 2024




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